A.Immelé, lac noir, extrait de WIR. Tirage argentique, 40x40 cm. |
"Parmi
les phénomènes éphémères que sont les variations climatiques,
les brumes, les nuées, les averses et les pluies, cristallisent la
relation intime qui se noue entre le regardeur et le paysage. Le
photographe, comme le peintre relie ces éléments physiques
transitoires à ses états de pensées et d'émotions. Dans Le
sauvage et l'artifice. Les japonais devant la nature, Augustin
Berque remarque que : « telle pluie ne tombe qu'en telle
saison, voir à tel moment de la journée, parce qu'elle est
inséparable de tout un monde de sensations, d'émotions, dont
l'enchaînement plus ou moins codifié l'enclave dans certains
paysages. » Cela est repris dans La pensée-paysage de
Michel Collot, ouvrage qui considère le paysage comme phénomène,
plus que comme représentation. Michel Collot rappelle le lien vital
que relie le poète, le voyant au paysage, « je suis ce
que je vois » écrivait Valery, « Je suis ce qui
m'entoure », Wallace Stevens.
A
propos de l'une de mes photos, celle du Lac
Blanc,
dans un texte intitulé L'approche,Jean-Luc Nancy écrivait « Photo, instantanée. Au lieu de
moi, le monde ». Dans Lumière
étale,
paru dans WIR :
« Les
eaux diaphanes des yeux, leurs humeurs cristallines et vitrées sont
étales à leur tour : ni marée de larmes, ni jusant de
froideur, mais le très lent bougé d'un sentiment sûr et fragile
qui suspend ces humeurs au contact de l'image, qui leur communique
son équilibre mouvant pendant qu'il vient s'étaler contre elles. ».
Liquidité des humeurs secrétées par notre corps en échos aux
nuages, vapeurs,
brumes, ou fumées. Dans mes photographies, je considère le paysage
comme expérience sensible, comme manière d'habiter le monde." A.I