mardi 11 novembre 2008

(A) PESANTEUR, RECITS SANS GRAVITE

EDITH DEKYNDT, GROUND CONTROL / MAJOR TOM2008 / 2009

« Ni les missiles, ni les fusées, ni les spoutniks ne feront de l'homme le « conquistador » de l'espace. Ces moyens-là ne relèvent que de la fantasmagorie des savants d'aujourd'hui qui sont toujours animés de l'esprit romantique et sentimental qui était celui du XIXème siècle. L'homme (…) ne pourra conquérir l'espace - ce qui est certainement son plus cher désir - qu'après avoir réalisé l'imprégnation de l'espace par sa propre sensibilité. » Yves Klein, Manifeste de l'Hôtel Chelsea, New York, 1961 - Lancer un mètre ruban dans les airs et saisir en plein vol sa trajectoire et son mouvement (Tom Marioni) - Faire flotter un objet dans l'espace (Edith Dekyndt) - Comparer le rapport du poids au volume d'un corps donné et éprouver l'effet de la densité (Didier Vermeiren) - Marcher à la verticale d'un mur (Trisha Brown) - Trébucher, se laisser tomber et analyser sa chute (Yoko Ono) (…) 



Voici quelques protocoles pour éprouver la pesanteur, s'en extraire, ou tenter de rendre tangible l'apesanteur … Les lois de l'attraction et de la gravitation régissent de manière invisible les mouvements du monde et des éléments : flux et reflux des marées, révolution des planètes - définissant un univers constitué de forces contraires réunies dans un fragile équilibre. Des phénomènes imperceptibles qui déterminent et contraignent (?) notre façon d'être au monde, nos déplacements et nous lient indéfectiblement à la terre. Une condition que nous n'avons de cesse de dépasser. 

Du fantasme du vol et du flottement (relayé par la sublime et pathétique tentative de Gino de Dominicis de se transformer en homme oiseau, ou du saut de l'ange en suspension d'Yves Klein), aux pensées de la transcendance religieuse ou métaphysique, l'humanité aspire à l'élévation et à s'extraire de l'aliénation et des servitudes de la pesanteur… Jusqu'aux dérives actuelles de l'injonction à une légèreté généralisée, allant de l'alimentation à nos relations à l'autre, en passant par le champ de la pensée… Cette dialectique - physique et existentielle - qui oscille en permanence entre l'élévation et le consentement à la chute nous pousse à explorer les limites de l'équilibre et de ces forces contraires. 

Vertige, flottement, basculement, renversement des perceptions, puissance, tension : quelques mots clés pour saisir le parcours d'une exposition qui se joue de la pesanteur soit pour la subvertir ou nous la faire éprouver, de la légèreté d'une poussière à la présence physique et imposante d'une tonne « en suspension » dans l'air. 


ARTISTES / 
Tom MARIONI, Jiro NAKAYAMA, Dominika SKUTNIK, Didier VERMEIREN (Collection Frac Lorraine). 
ET Lara ALMARCEGUI, Edith DEKYNDT, Ricardo JACINTO, Yoko ONO, Yazid OULAB, Lucien PELEN. 



14.11.08-18.01.09









49 NORD 6 EST - Frac Lorraine
Fonds régional d'art contemporain
1 bis rue des Trinitaires
F-57000 Metz
fon 03 87 74 20 02
info@fraclorraine.org




VERNISSAGE : Jeudi 13 Novembre 08 à 19h 

mardi 28 octobre 2008

La Soupe et les Nuages

Ma petite folle bien-aimée me donnait à dîner, et par la fenêtre ouverte de la salle à manger je contemplais les mouvantes architectures que Dieu fait avec les vapeurs, les merveilleuses constructions de l'impalpable.  Et je me disais, à travers ma contemplation : «-- Toutes ces fantasmagories sont presque aussi belles que les yeux de ma belle bien-aimée, la petite folle monstrueuse aux yeux verts.»  Et tout à coup je reçus un violent coup de poing dans le dos, et j'entendis une voix rauque et charmante, une voix hystérique et comme enrouée par l'eau-de-vie, la voix de ma chère bien-aimée, qui disait : «-- Allez-vous bientôt manger votre soupe, sacré bougre de marchand de nuages?»


Charles Baudelaire, Le spleen à Paris. Petits poèmes en prose



The Soup and the Clouds

My little, beloved madwoman was feeding me dinner, and through the open window in the dining room I was contemplating the moving architectures that God makes out of vapors, the marvelous constructions of the impalpable.  And I said, in the midst of my contemplation: "-- All of these phantasmagoria are almost as beautiful as the eyes of my beautiful beloved, the little, monstrous madwoman with green eyes."And suddenly I received a violent punch in the back, and I heard a hoarse and charming voice, a hysterical voice, made husky by hard liquor, the voice of my dear beloved, saying: "-- When are you going to eat your soup, filthy beast of a cloud salesman?"

Charles Baudelaire, Le spleen à Paris. Petits poèmes en prose


 

mercredi 28 mai 2008

QUELQUES AGENCEMENTS


© Anne Immelé, Quelques agencements


QUELQUES AGENCEMENTS
EXPOSITION DE ANNE IMMELÉ
PETITS MOUTONS A L'ABREUVOIR

Les photographies d’Anne Immelé interrogent notre rapport au territoire urbain dans ses multiples dimensions, géographique, humaine, sociale mais aussi  mémoriel et poétique. L'utilisation du format carré (6x6) fait ressortir une immuabilité aux moments indéterminés que la photographe fixe. Dans ses paysages la présence humaine, parfois simplement suggérée, devient référence à travers un mélange paradoxal de vide ténu et de densité immobile.C'est à travers l'accrochage que ses images entrent en dialogue les unes avec les autres, créant un terrain de confrontation. Anne Immelé expérimente des rapprochements, des rythmes, sous forme d’agencement-constellation, ou de lignes, de séquences au mur ou au sol, montrant simultanément des visages en plans serrés, et de vues de lieux, chargé de nos mémoires individuelles ou collectives. Par ce moyen, elle renouvelle un questionnement le vivre ensemble, ce nous, que le livre WIR questionne.


Du 29 mai au 29 juin 2008
Vernissage jeudi 29 mai à 18h30 avec la projection de la vidéo « Let it be »

Galerie Petits Moutons à l'Abreuvoir
9 Rue des Veaux Strasbourg
14h à 18h sauf mercredi et dimanche, nocturne ven. 21h
www.petitsmoutonsalabreuvoir.net 03 88 32 22 03
http://www.accelerateurdeparticules.net/

dimanche 11 mai 2008

Atelier ouvert 2008





133 - ANNE IMMELE ATELIERS DE LA VILLE DE MULHOUSE

PHOTOGRAPHIE

«Depuis cinq ans, je photographie certains territoires de l’espace Rhénan, me questionnant sur ses dimensions, ses spécificités, ses limites. Si les dimensions géographiques, historiques humaines et sociales paraissent évidentes dans la définition d’un territoire, la dimension «psychique» l’est également. Je photographie ces différents territoires en tentant d’approcher des thématiques telles que : la transmission et le partage d’une expérience commune, l’appréciation de la vie quotidienne, le fossé entre une volonté politique et une possibilité du vécu, entre un projet architectural et la dimension d’appropriation humaine.»


17 RUE JACQUES PREISS
Centre ville - 3ème étage 
68100 MULHOUSE


ATELIERS OUVERTS 17-18 / 24-25 mai 2008 14-20h

jeudi 28 février 2008

Séquences-disjonction, séquences-évocation et agencements-constellation dans les pratiques photographiques contemporaines (1989-2005)

Thèses de doctorat, Université Marc Bloch, Strasbourg
"Au sein de la séquence et de l’agencement, les photographes associent si étroitement leurs photographies qu’on ne peut les séparer sans modifier le sens de l’œuvre. Notre recherche se consacre aux formes spécifiques de la séquence-disjonction, de la séquence-évocation et de l’agencement-constellation. La séquence-disjonction est une association des hétérogènes. Avec la séquence-évocation, l’artiste génère des états de pensées et d’émotions. L’agencement-constellation est une disposition éclatée de photographies au caractère fragmentaire, en propension. À partir d’un corpus d’œuvres contemporaines (Raymonde April, Christophe Bourguedieu, Stéphane Duroy, Christian Milovanoff, Suzanne Lafont, Michael Schmidt, Wolfang Tillmans) nous questionnons les enjeux de ces formes dans la relation qu’elles instaurent avec le réel et avec une certaine forme de narration. En utilisant un montage disjonctif ou évocateur, les artistes questionnent leur rapport au monde et à l’Histoire."

IMMELÉ, Anne (2007) Séquences-disjonction, séquences-évocation et agencements-constellation dans les pratiques photographiques contemporaines (1989-2005). Thèse déposée le 28 Février 2008, Université Marc Bloch Strasbourg.