vendredi 5 novembre 2010

Raymond Meeks Nevermore



© Raymond Meeks, Nevermore, 2006


Mon ami Jean-Jacques Delattre, photographe et passionné de livres photographiques, m'a fait découvrir Nevermore de Raymond Meeks. Réalisé le 29 aout 2006 à Greenland, l'édition regroupe des vues de corbeaux en vol, au plus proche du sol.  Le dépouillement des images est frappant. Nous voyons des paysages désolés et des vues de ciel presque vide. Par la qualité particulière des tirages réalisés - pour certains sur un support transparent - nous ressentons le phénomène d'apparition de l’image (l’image semble entrain d’apparaître devant nous, comme si elle se révélait devant nous), dans une tension entre la profondeur et la surface. La lumière est vibrante, poudreuse. Les images sont auratiques, elles convoquent le proche et le lointain, le présent et le passé. La luminosité et le vol des oiseaux n'évoquent pourtant pas des instants de vie heureux, légers et aériens, comme peuvent le faire les photographies de Bernard Plossu dans la série des Hirondelles andalouses[1]. Si l'hirondelle est légère et toujours en mouvement, le corbeau nous apparaît lourd, pesant, inquiétant. Le corbeau symbolise ici la mort, comme l'indique également le titre Nevermore, référence au poème d'Edgar Allan Poe, The Raven dans lequel un corbeau répète inlassablement nevermore, jamais plus. Le titre peut aussi se référer au ça a été de la photographie, qui nous montre toujours ce qui ne sera  jamais plus, puisque déjà vécu, déjà passé. © A.I

[1] Bernard Plossu, Hirondelles andalouses, Filigranes éditions, Paris, 2008, texte de Jean-Christophe Bailly.



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