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lundi 28 mars 2011

Habiter le Monde



Le 28 avril prochain, parution du livre de Corinne Maury, Habiter le monde. Éloge poétique dans le cinéma du réel, chez Yellow Now.

Certains cinéastes dits « du réel » n'ont pas pour intention de documenter objectivement le monde ni de faire preuve par le visible. À l'instar des poètes littéraires, ils cherchent davantage à restituer des présences du monde plutôt que d'en créer des représentations. Il s'agit pour eux de s'affranchir des images immédiates et familières du monde, de s'aventurer dans des territoires minoritaires, de s'affronter aux clichés qui, trop souvent, recouvrent les complexités du réel. Pour restituer cinématographiquement des habitations (poétiques) du monde, ces cinéastes font violence aux vocabulaires classiques du cinéma du réel. Par l'emploi de figures poétiques singulières, ils étourdissent le paraître du réel, provoquent la carapace ordinaire des choses et ainsi nous déshabituent du monde afin de donner à voir et à entendre un autre du monde.


Cet ouvrage analyse les écritures filmiques de cinéastes tels que Sergueï Loznitsa, Chantal Akerman, Naomi Kawase, Alain Cavalier, Jean-Daniel Pollet, André S. Labarthe, Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, Frank Cole, Arnaud Des Pallières ou encore Irit Batsry. En faisant un éloge du minoritaire, en œuvrant à une poétique du peu, ces cinéastes du réel convoquent des présences ténues, souvent oubliées ou négligées. Ils convient le modeste, le banal, l'informe, les ruines, à prendre place dans une nouvelle architecture du réel.

Corinne Maury est maître de conférences en histoire et esthétique du cinéma à l'université de Toulouse-II - Le Mirail. Elle a enseigné pendant plusieurs années le cinéma à l'École supérieure d'art de Mulhouse. Ses travaux de recherche portent principalement sur la poésie au cinéma, les images du paysage et les formes de l'autobiographie. Elle a réalisé plusieurs films-essais documentaires, collaboré aux films du cinéaste Olivier Zuchuat et a également publié avec Anne Immelé un livre de photographie : Les Antichambres (Filigranes Éditions, 2009).


lundi 4 mai 2009

Anne Immelé Die Vorzimmer / Les Antichambres




© Anne Immelé, Images extraites des Antichambres
p.8 et 9

Die im Buch Les Antichambres – die Vorzimmer versammelten Fotos zeigen funktionelle Architekturarten, die von Leere geprägt sind. Ein Abstand zwischen den Gebäuden und deren Funktion hat sich gebildet und dies schafft eine Spannung. Dieser Abstand besitzt eine der grundlegenden Eigenschaften der Fotografie : die Distanz - der Bruch zwischen der Wirklichkeit und ihrer fotografischen Darstellung. Diese Distanz ist ein Riss, ein Spalt zwischen der Wirklichkeit und seiner Darstellung. Jochen Gerz bezeichnete diesen Raum als no man’s land –  zugleich mentaler und fiktiver Raum. Um es anders zu sagen, ein Raum von Wahrnehmungen, von den Gedanken bewohnt. Dieser Raum hat dieselbe Funktion wie der See, dessen Form man in Stadtansichten wieder findet. Wie bei diesem Fußballfeld  oder bei diesem betonierten Raum mitten im Rasen, oder noch bei diesen Pflanzen im Vordergrund.

© Anne Immelé, Images extraites des Antichambres 
p.21 et 53

Die Vorzimmer sind Bilder, die einen Stand der Dinge zeigen. Trotz ihres unbeweglichen, feierliches Aussehens, sind es unruhige Mächte, die ich zu berufen vermag. Die städtischen Landschaften zeigen uns neue Wohnungen Parkplätze, Bauplätze, unbestimmte Orte, aber alle werden durch etwas bestimmt, das ich « Nivellieren » nennen würde.  Häufig handelt es sich um das Einebnen im geografischen Sinne, der Boden, der eingeebnet wurde, um darauf ein Hochhaus zu bauen. Bei diesen Hochhäusern handelt es sich auch um die soziale Nivellierung. Bei ihnen gehört nämlich keine Diversität, keine Besonderheit. Sie zeigen uns vielmehr, was dem Bereich der Änhlichkeit, der Gleichheit gehört. Eine Gleichmäßikeit, ein peinlich organisiertes Formatieren. Die Portraits spielen mit dem Bruch zwischen dem Äußeren – der Oberfläche des Gesichtes, die von der Kamera aufgenommen wird – und des Inneren – immer unzugänglich. Bei diesem Bruch geht etwas vor, was ich als Zusammenbruch, Auflösung deute. Das Bild des Sees ist nie weit weg… Die Seeoberfläche, wie die Oberfläche des Gesichtes lässt unzugängliche Tiefen ahnen. Hinter diesen Bildern des Stillstands, lauern drohende Mächte auf uns. (Traduction Sabine Clochey)








© Anne Immelé, Images extraites des Antichambres
p.50, 18, 51

 Les photographies réunies dans le livre Les Antichambres, montrent des architectures fonctionnelles empreintes de vacuité. Une disjonction ou un écart, entre les bâtiments et leur fonction s’est opérée et cela produit une tension. Cet écart est proche de l’une des caractéristiques photographiques essentielles : la distance –  cette brèche entre le réel et sa représentation photographique. Cette distance est une faille, un interstice entre le réel et sa représentation. Jochen Gerz qualifiait cet espace de no man’s land –  espace à la fois mental et imaginaire. Pour le dire autrement, un espace de perceptions investi par la pensée. Cet espace a la même fonction que le lac, dont on retrouve la forme dans des vues urbaines comme ce terrain de foot  ou cet espace bétonné au milieu d’une pelouse, ou encore ces herbes enserrées au premier plan.


© Anne Immelé, Images extraites des Antichambres, p.28


Les Antichambres sont des images qui montrent un état des choses, un état des lieux. Malgré leur apparence immobile et hiératique ce sont des forces intranquilles que je souhaite convoquer. Les paysages urbains nous montrent des habitations récentes, des parking, des chantiers, des lieux incertains, mais tous sont caractérisés par ce que je nommerais le "nivellement". Souvent il s'agit de nivellement au sens géographique du terme, nivellement du sol qui a été aplani pour y construire un immeuble par exemple. Il s'agit également du nivellement social avec ces immeubles qui ne convoquent pas la diversité, la singularité mais nous montre obstinément ce qui est du registre de la similitude, du même. Une uniformité, un formatage méticuleusement organisé.  Les portraits jouent de la faille entre l'extériorité, la surface du visage enregistré par l'appareil photo et l'intériorité - toujours inaccessible. Dans cette faille, se joue quelque chose qui pour moi est du registre d'un effondrement, d’une dissolution. L’image du lac n’est jamais très loin… La surface du lac, comme la surface du visage laisse présager des profondeurs inaccessibles. Derrière ces images de suspension, derrière ces immobilisations, des puissances intranquilles  nous guettent.
Les Antichambres
photographies d'Anne Immelé
Texte de Corinne Maury
Parution : 04 Mai 2009
Collection : Hors Collection
Français
ISBN 13 : 978-2-35046-166-3
Format : 230 x 290
64 pages
Relié couverture cartonnée
34 photographies en couleur
30 €