samedi 19 octobre 2013

Les eaux diaphanes

A.Immelé, lac noir, extrait de WIR. Tirage argentique, 40x40 cm.

"Parmi les phénomènes éphémères que sont les variations climatiques, les brumes, les nuées, les averses et les pluies, cristallisent la relation intime qui se noue entre le regardeur et le paysage. Le photographe, comme le peintre relie ces éléments physiques transitoires à ses états de pensées et d'émotions. Dans Le sauvage et l'artifice. Les japonais devant la nature, Augustin Berque remarque que : « telle pluie ne tombe qu'en telle saison, voir à tel moment de la journée, parce qu'elle est inséparable de tout un monde de sensations, d'émotions, dont l'enchaînement plus ou moins codifié l'enclave dans certains paysages. » Cela est repris dans La pensée-paysage de Michel Collot, ouvrage qui considère le paysage comme phénomène, plus que comme représentation. Michel Collot rappelle le lien vital que relie le poète, le voyant au paysage, « je suis ce que je vois » écrivait Valery, « Je suis ce qui m'entoure », Wallace Stevens.

A propos de l'une de mes photos, celle du Lac Blanc, dans un texte intitulé L'approche,Jean-Luc Nancy écrivait « Photo, instantanée. Au lieu de moi, le monde ». Dans Lumière étale, paru dans WIR : « Les eaux diaphanes des yeux, leurs humeurs cristallines et vitrées sont étales à leur tour : ni marée de larmes, ni jusant de froideur, mais le très lent bougé d'un sentiment sûr et fragile qui suspend ces humeurs au contact de l'image, qui leur communique son équilibre mouvant pendant qu'il vient s'étaler contre elles. ». Liquidité des humeurs secrétées par notre corps en échos aux nuages, vapeurs, brumes, ou fumées. Dans mes photographies, je considère le paysage comme expérience sensible, comme manière d'habiter le monde." A.I

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