© Anne Immelé |
© Anne Immelé, clouds |
Sur le Campus de l'Université de Haute Alsace, à Mulhouse, j'observe des nuages qui échappent à toute gravité de la représentation. Ils se reflètent dans d'anciennes vitrines d'affichage, devenues obsolètes à l'ère où Internet a remplacé les Dazibao et autres murs d'informations dans les espace publics. Au fil des années, des mois, des jours... cette activité contemplative est un appel poétique. J'ai retranscris cet attrait pour les nuages dans un texte écrit l'été dernier, dont je livre ici un extrait :
"Entre temps, j’observe le ciel en lisant le traité écrit en 1802 par Luke Howard. Au-dessus de nous dans le ciel bleu pâle, j’observe des cirrus, ces nuages parallèles, constitués de fibres souples. Ce sont les premiers nuages qui apparaissent après une période de beau temps, ils ne sont indiqués que par quelques touches, puis ils augmentent en longueur. Ils sont annonciateurs de pluie. Luke Howard est à l’origine de la classification des nuages, utilisée aujourd’hui encore. C’était un quaker anglais, son biographe[1] décrit sa fascination pour l’observation du ciel et l’obligation d’un apprentissage austère du métier de pharmacien. Chimiste, il installa son officine dans les faubourgs londoniens. Si nous connaissons toujours les dénominations de cirrus, cumulus, stratus, c’est parce que la classification d’Howard était en latin, non en anglais ou en français comme celle de Lavoisier. Goethe – lui-même fasciné par les nuages – adopta et diffusa la classification d’Howard, il composa des poèmes pour chaque type de nuage qui furent publiés en 1817. D’autres poètes s’emparent de la classification d’Howard, comme Percy Bysshe Shelley (l’époux de Marie Shelley) qui choisit le nuage comme la métaphore du changement dans son poème Mutability, (1814). La biographie nous apprend que, pour Howard, la nature « n’était pas gouvernée par des lois fixes, mais par un ordre mobile ». (...) Les yeux vers le ciel au-dessus de l’Illberg, je considère Mulhouse, sous l’angle de cette mobilité que symbolisent les nuages qui vont vers le lointain. Cette mouvance est reliée à une mobilité de la pensée et de la mémoire toujours vive d’un passé qui se fait survivance, ici comme ailleurs." Extrait de TWINS CITIES, édition de la Kunsthalle, Mulhouse, à paraître en mars 2012.
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