Dans la présentation de la collection du Zentrum Paul Klee, Rémy Zaugg réfléchit dans l’une de ses dernières œuvres sur la célèbre formule de Paul Klee: «L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible». C’est sur cette phrase que Paul Klee ouvre son essai Schöpferische Konfession (Confession créatrice) de 1920, un credo novateur: l’art ne copie pas la réalité, il invente des réalités. Dans la séquence dédiée à Klee, Zaugg thématise la dissolution du visible: l’écriture de couleur blanche se (con)fond avec l’arrière-plan. Cette thématique de la disparition s’impose dans plusieurs groupes d’œuvres de l’artiste. A l’effacement du visible répond la disparition de la vie – la mort –, qui joue également dans l’œuvre de Rémy Zaugg un rôle fondamental. L’artiste comprend la mort comme une limite infranchissable à la perception. Tandis que la cécité est la mort de la vue, la mort est la fin de toute perception. L’exposition se construit autour du groupe d’œuvres Vom Tod II. Il s’agit de 27 panneaux sur le thème de la vie et de la mort. En lettres colorées sur un fond de forte intensité lumineuse, les mots UND WENN / DER TOD / ICH WÄRE apparaissent seuls, parfois avec des mots qui définissent différentes parties du corps. Ces panneaux sont complétés par d’autres panneaux, soit des séries de noms en latin ou en allemand de roches, de plantes, d’arbres, de mousses, de céréales, de fleurs, d’herbes, de lichen et de fougères. Se forme ainsi un ballet bigarré aux couleurs vives. La combinaison de l’écriture avec le fond luminescent assaille la rétine, irrite la vue. On s’imagine vivre la dissolution de la perception visuelle –inéluctablement liée à la fin physique. La mort donne ici dans le tape-à-l’œil sans se laisser appréhender pour autant.
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dimanche 28 janvier 2007
Rémy Zaugg – Mon voisin la mort et la perception
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